L’entreprise d’intelligence artificielle Suno se trouve au cœur d’un litige juridique majeur qui pourrait redéfinir les contours du droit d’auteur à l’ère de l’IA. Le 25 juin 2024, les trois plus grandes maisons de disques – Sony Music Entertainment, Universal Music Group et Warner Music Group – ont intenté une action en justice contre Suno pour violation présumée de droits d’auteur.

Fondement juridique de la plainte : IA générative de musique

Les plaignants allèguent que Suno a utilisé sans autorisation des millions d’œuvres protégées pour entraîner ses modèles d’IA générative de musique. Selon la Recording Industry Association of America (RIAA), qui coordonne les poursuites, cette pratique constitue une « violation massive » du droit d’auteur.

La plainte soulève des questions juridiques cruciales

  1. L’utilisation d’œuvres protégées pour l’entraînement d’IA relève-t-elle du « fair use » en droit américain ?
  2. Les productions de l’IA peuvent-elles être considérées comme des œuvres dérivées nécessitant l’autorisation des ayants droit ?

Enjeux financiers et demandes

Les maisons de disques réclament des dommages-intérêts pouvant atteindre 150 000 dollars par œuvre violée, ce qui pourrait se chiffrer en milliards de dollars. Cette demande reflète l’ampleur perçue du préjudice et l’importance stratégique du litige pour l’industrie musicale.

Position de Suno

Mikey Shulman, PDG de Suno, maintient que leur technologie génère des contenus entièrement nouveaux et n’est pas conçue pour reproduire des œuvres existantes. Cette défense s’appuie probablement sur la doctrine du fair use, bien que son application à l’IA reste incertaine en l’absence de jurisprudence claire.

Implications pour l’industrie de l’IA

Ce procès pourrait établir un précédent crucial pour le secteur de l’IA générative. Une décision en faveur des maisons de disques pourrait contraindre les entreprises d’IA à obtenir des licences coûteuses, potentiellement en mettant fin à certains modèles économiques. À l’inverse, une victoire de Suno pourrait ouvrir la voie à une utilisation plus libre des œuvres protégées pour l’entraînement d’IA.

Contexte législatif

Aux États-Unis, la législation sur le droit d’auteur n’a pas encore été mise à jour pour traiter spécifiquement de l’IA. En Europe, le cadre juridique est plus clair, avec des exceptions pour la fouille de textes et de données, sauf opposition explicite des ayants droit.

Ce litige s’inscrit dans un débat plus large sur l’équilibre entre innovation technologique et protection des droits des créateurs. Son issue pourrait avoir des répercussions majeures sur l’avenir de l’IA dans les industries créatives.